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« Economie circulaire, axe stratégique de développement pour nos industrie »
En France, le Ministère de la Transition écologique et solidaire a déclaré 2018 « Année de l’économie circulaire ». Elle entre donc officiellement au cœur du débat public tout comme elle initie de nouveaux comportements de consommation et oriente les réflexions stratégiques des industriels.
C’est sous cet angle que la FIPEC a réuni des experts reconnus dans l’industrie, spécialistes des questions environnementales et complémentaires par leurs fonctions.
Animateur des débats : Nicolas Angel.
« Le sujet est incontestablement d’actualité. Il ouvre de nombreux angles de discussion et soulève beaucoup d’interrogations mais il stimule aussi de nouvelles pistes de croissance », Jacques Menicucci, Président de la FIPEC.
Quel sera l’impact du développement de l’économie circulaire pour les entreprises ? Peut-elle être une voie d’innovation et une source de croissance ? Est-elle réellement en marche ? Les débats ont montré que l’économie circulaire est en marche et qu’elle ne part pas d’une feuille blanche pour les industriels. Les avancées au niveau de l’industrie, de la distribution et de la gestion des déchets sont réelles.
« A court terme, les industriels [représentés par la FIPEC] ont investi depuis 5 ans pas loin de 200 millions d’euros pour récolter 33 000 tonnes de déchets de type pâteux, peinture, colles, mastics… Ces déchets, sortis des poubelles et non éparpillés dans la nature, sont concrètement collectés et traités. C’est déjà extrêmement positif », Pierre Charlemagne.
L’économie circulaire est soutenue par une volonté politique, économique et sociétale. Elle est enclenchée durablement à des rythmes différents. Des projets concrets sont rapidement mis en œuvre et d’autres s’envisagent à plus long terme.
« C’est la complémentarité de ces différents niveaux d’actions qui rendra efficace le processus vers une économie circulaire. Il faut avoir cette vue globale, travailler à la fois sur toutes les chaînes de valeur, avec les industriels, les autorités, les grandes et petites entreprises, les consommateurs », Caroline Pétigny.
Il n’en demeure pas moins que l’économie circulaire est un concept très complexe à mettre en œuvre. Il est ainsi nécessaire d’y intégrer les paramètres de financement pertinents, ainsi que les indispensables évolutions réglementaires qui l’accompagneront.
« Il faut réconcilier l’environnement avec l’industrie et non l’inverse. Parce que dans le terme économie circulaire, il y a économie. Donc, les industriels, les acteurs économiques ont un rôle fondamental dans le succès de cette économie circulaire », Maître Laurent Grinfogel.
« Dans l’économie circulaire, il y a un stock de valeurs très élevé. En achetant de la valeur à chaque étape, l’équation change. Il y a des fondations solides pour créer de la richesse », André Buisson.
« Aujourd’hui, l’économie circulaire fait partie des 5 grands chantiers prioritaires de la stratégie développement durable de BASF. Dans ce cadre, nous avons identifié nos contributions sous forme de deux grandes catégories : l’utilisation de moins de ressources dans la production et l’usage des produits ; les solutions permettant de réutiliser des produits en fin de vie ou des matières premières renouvelables », Caroline Pétigny.
Les débats se sont articulés autour des 4 niveaux d’actions des industriels pour entrer dans le cercle vertueux de l’économie circulaire : l’éco-conception, l’éco-production, l’éco-consommation et l’éco-déchet.
« Tous nos programmes R&D intègrent la fin de vie des produits. Nous avons mis en place un système de gestion dynamique de notre portefeuille de produits qui stimule l’innovation selon des critères de durabilité (enjeux économie circulaire, biodiversité, climat...). Mais nous sommes également tributaires de cahiers des charges donnés par nos clients et les chaînes de valeur », Caroline Pétigny.
« Il ne faut pas que la durabilité devienne un critère absolu car le renouvellement peut être positif. On fait de l’économie circulaire pour faire de la croissance. A vouloir trop bien faire, on peut tomber dans une économie de décroissance, ce qui n’incite pas à l’économie circulaire », Maître Laurent Grinfogel.
« L’économie circulaire est porteuse pour l’innovation car elle oblige à s’interroger sur la façon d’utiliser plus de matières renouvelables en respectant les réglementations, face aux réalités économiques et au besoin de performances techniques », Caroline Pétigny.
« Tous les sondages montrent que les consommateurs sont pour l’environnement, le recyclage, la valorisation des déchets mais quand ils achètent le produit ou gèrent leurs déchets, c’est différent. Comment aider à bien consommer est toute la question qu’on est en train de traiter dans l’axe de communication d’EcoDDS. Les consommateurs sont aujourd’hui sensibilisés mais il reste à éduquer sur les bonnes pratiques. Les consommateurs mais aussi les collectivités locales. C’est bien un sujet collectif et pas seulement d’industriels », Pierre Charlemagne.
« Quand on a lancé notre gamme de peintures recyclées boomerang au Canada, tout le monde l’a trouvée formidable mais personne ne l’achetait. Aujourd’hui, on est face à un nouveau consommateur qui est responsable, qui devient un influenceur et qui est très informé », André Buisson.
« Sur la gestion des déchets, là aussi nous sommes collectivement responsables pour mettre en place un réseau de déchetteries professionnelles. Nous avons déjà fait beaucoup de progrès en matière de tri des déchets et de recyclage depuis 40 ans. La prochaine étape est de permettre aux opérateurs et prestataires de créer des points de collecte plus facilement », Pierre Charlemagne.
« Les bonnes pratiques ne marchent pas sous la contrainte mais avec des habitudes de consommation, avec de la pédagogie et, peu à peu on y arrive. Nous avons des résultats très immédiats, EcoDDs est un dispositif dont les industriels peuvent être fiers. Et parallèlement, il y a des processus plus longs à travailler en filière pour être plus efficaces », Pierre Charlemagne
« Le système de recyclage des peintures n’est pas possible ni en France et ni en Europe, qui a opté pour un principe de précaution très extrême, c’est un choix de société », Pierre Charlemagne.
« Aujourd’hui, nous n’arrivons pas à créer une interface intelligente qui permette de bénéficier à la fois de REACH et d’un taux de recyclage élevé. C’est un compromis politique entre recyclage très élevé et la sécurité des produits mis sur le marché », Maître Laurent Grinfogel.
François-Michel Lambert, Député des Bouches-du-Rhône et Président fondateur de l’Institut National de l’économie circulaire, a conclu les débats en soulignant leur richesse, mais aussi les éléments à poser et à structurer.
« L’expérience prouve que l’économie circulaire répond de fait aux enjeux du climat, de création de richesse et d’emplois. Depuis 5 ans, nous poussons pour que ce modèle devienne un élément stratégique dans la transformation de la France et nous avançons avec la loi sur la Transition énergétique et la Feuille de Route Économie Circulaire qui en découle ».
François-Michel Lambert a apprécié l’importance donnée aux ressources dans les débats, l’économie circulaire étant souvent réduite à la gestion des déchets.
« Je dis souvent qu’il faut avoir un respect des ressources, et là j’ai senti plus que du respect, de l’amour pour des matières que vous mettez en œuvre. Et l’économie circulaire, c’est se tourner vers les ressources pour plus d’efficience, pour créer plus de productivité des ressources ».
François-Michel Lambert souligne les progrès des industries mais aussi ceux des collectivités locales.
« De plus en plus, elles développent des approches d’économie circulaire. On constate des changements sémantiques et politiques importants, des changements de modèles. L’un des grands enjeux est de rapprocher les territoires et les acteurs économiques ».
Un autre enjeu est celui de créer de la valeur sur toute la chaîne.
« De l’intelligence partagée, on crée une intelligence collective pour être encore plus efficient dans l’usage des ressources ».
Pour Philippe Varin, Président de France Industrie et vice-Président du CNI, venu conclure la matinée de la Journée FIPEC sur le projet de France Industrie a fait une transition très appropriée sur le rôle de l’économie circulaire dans l’industrie de demain :
4 étapes sont à franchir pour réussir à basculer vers une économie circulaire.
« La première étape est l’engagement volontaire, matérialisé par un cadre normatif et réglementaire minimum pour sécuriser l’emploi secondaire des produits industriels et par la création de normes et standards par les filières professionnelles. La deuxième étape repose sur le rôle clé des filières. La troisième étape est l’intelligence collective qui doit faire évoluer les comportements. La quatrième étape concerne le comportement des consommateurs. Elle est la traduction des trois premières étapes en labels compréhensibles et reconnaissables par le consommateur ».